Une rumeur sur la soustraction d’un pourcentage de 25% sur le salaire des enseignants circule sur la plateforme Facebook depuis quelques jours semant confusion, inquiétude, et désarroi auprès des citoyens usagers de la plateforme. Faux, le salaire des enseignants ne connaîtra pas une baisse de 25%.
“Un pourcentage de 25% sera désormais déduit du salaire des enseignants, comment cela se fait -il ? Quelqu’un pourrait-il expliquer la raison ?” s’interroge un internaute sur le groupe dénommé Ministère de l’Education Nationale (MEN) le 17 octobre dernier, générant 196 commentaires et 678 réactions. Toujours dans le même groupe, le 20 octobre, une autre personne parle plutôt de manque de respect vis-à-vis des enseignants : “L’augmentation de l’Impôts sur les Revenus Salariaux et Assimilés (IRSA) de 20 à 25 % ne fera qu’approfondir la servitude dont est victime les enseignants malgaches”.
S’agit-il de la polémique sur l’augmentation de l’IRSA qui a déjà été infirmé par la Direction Générale des Impôts ou est-il vraiment question d’une diminution de salaire chez les enseignants?
En effet, interrogé sur la question, un haut responsable auprès du ministère de l’Education nationale (MEN)- qui a requis l’anonymat – affirme que le salaire des fonctionnaires est régi par la loi de finances initiale (LFI) et celle rectificative (LFR). La LFI et la LFR peuvent déterminer ou apporter toute modification sur le salaire des fonctionnaires, en l’occurrence, des enseignants. En outre, la loi malgache interdit formellement la réduction de salaire. Notre interlocuteur a aussi souligné que la fonction du MEN dans le processus de rétribution des salaires des enseignants fonctionnaires se limite à la budgétisation, la tâche principale concernant le paiement revient au ministère de l’Economie et des Finances (MEF).
Joint au téléphone, Barson Rakotomanga, président du Randrana Sendikaly informe que cette rumeur tient ses fondements de la recommandation du Fond Monétaire International (FMI) suivant l’extrait du rapport des négociations sur les programmes de facilité élargie de crédit (FEC) et de Fonds pour la Résilience et le Développement (FRD). Cet extrait spécifie que “ les autorités sont déterminés à réformer l’impôt sur les revenus salariaux et assimilés” (Fin de citation). Cette mesure prévoit donc d’ajuster l’IRSA prélevé sur chaque salarié de 20 à 25% pour tous ceux qui perçoivent un salaire brut (comprenant le total additionnel du salaire de base, les heures supplémentaires, les primes et les avantages en nature) supérieur ou égal à 600.000 Ariary. Cela concernera aussi bien le secteur public que privé. Le syndicaliste de poursuivre que cette réforme impactera une grande partie des salariés, dont les enseignants, même ceux qui encaissent le Salaire Minimum Interprofessionnel Garanti (SMIG) car additionné à tous les autres avantages, le salaire brut d’une grande majorité des employés avoisine les 600.000Ar. Néanmoins, cette mesure n’est pas encore appliquée pour le moment. Pour entrer en vigueur, elle devra être adoptée par les députés et inscrite dans la LFI. Cependant, les syndicalistes tirent d’ores et déjà la sonnette d’alarme car selon eux, une fois adoptée, cette mesure ne fera qu’accroître les difficultés économiques dans lesquelles se trouvent les salariés actuellement.
Contactés, les responsables auprès de la Direction Générale des Impôts (DGI) et de la Direction Générale du Budget et des Finances (DGBF) rassurent que cette allégation d’augmentation de 25% de l’IRSA sur les salaires de plus de 600.000 Ariary est complètement fausse. Ils ont explicité que la perception de l’IRSA sur le salaire brut se fait par tranche, conformément à ce qui est stipulé dans le Code des Impôts en vigueur sur le territoire. Pour la tranche de 600.000 Ariary et au -delà, l’IRSA prélevé est ainsi de 20%. Ces institutions soulignent fermement que seules la LFI et la LFR ont le pouvoir de procéder à des modifications sur le pourcentage de l’IRSA. Mais jusqu’à présent, aucune hausse n’a été proposée dans la LFI.
Verdict :
Faux, le salaire des enseignants ne connaîtra pas une baisse de 25%